Monday, May 30, 2011

Sécheresse

Le manque d'eau (sécheresse) est autant un problème que le trop plein (inondations).

Ce Cha Xi, ce set up, montre une oasis (un bol en céladon) autour d'un volcan (la théière Shi Piao). De là jaillit un liquide doré qui donne vie à 4 soleils dans des coupes en porcelaine couleur d'ivoire. Ce Baozhong torréfié assèche la bouche et se tranforme en moelleux. Les eaux usées disparaissent au fond d'un bol de Jianyang, tel un trou noir. Cette eau vient à manquer dans ce tableau au couleurs chaudes d'une fin d'après-midi estivale. On voit simplement 4 fleurs en tissus anciens et flétries, et une vraie fleur au rouge vif. Sur le tissu clair couleur de sable, les gouttes de thé laissent leur marque. Cela nous incite à faire attention de ne pas en verser à côté. L'eau et, plus encore, le thé sont précieux. Sachons ne pas les gaspiller, mais profitons de chaque goutte!

Le manque d'argent ou de matériel est parfois frustrant. Comment composer un beau Cha Xi si l'on a pas tel ou tel objet? Lorsque les moines Japonais ont commencé à apprendre le thé en Chine, ils étaient dans cette position: leurs moyens matériels étaient limités. Le Japon n'était pas aussi développé que la Chine de la dynastie Tang. Aussi, il n'est pas étonnant que, faisant contre mauvaise fortune bon coeur, les maitres de thés Japonais ont recherché la simplicité, l'usage d'objets modestes et divers. C'est celui qui prépare le thé qui cherche et crée l'harmonie entre les accessoires. La créativité est sans limites. Souvent, l'harmonie surgit dans l'interaction d'éléments opposés (comme une équipe a besoin de caractères différents pour se compléter).

La perfection des coupes en porcelaine industrielle est contrebalancée par des potteries faites à la main. Le bol en céladon de David Louveau, notamment, n'est pas tourné, mais ses bords sont tirés. Cela lui donne une irrégularité et une finesse des bords surprenante (pour seulement 10 euros!). La fleur et l'infusion insuflent la vie à ces objets inertes. La plupart des objets sont modernes, mais la tetsubin et le Nilu sont anciens et apportent un élément de continuité et de tradition à la creation.

Friday, May 27, 2011

Qi Lai High Mountain Oolong (2200 m)

A rainy day is the reason for the lack of sunshine on these pictures today. (A typhoon is brushing Taiwan from the east...) A long, late spring rainy season that started on May 10 is also the reason why this will be my only Oolong above 2000 meters this year. Continuous rain has negatively impacted a harvest that looked very promising. This was the bad news. Now comes the good news: I am adding this excellent Gao Shan Oolong from a lesser known mountain, and this one was harvested when the weather was still dry!

Cultivar: Luanze (qingxin) Oolong
Harvested by hand on May 6, 2011
Origin: Qi Lai Mountain (Central Taiwan)
Elevation: 2200 meters
Process: rolled, lightly oxidized and well dried Oolong.

Brewing: 3 gr for 6 minutes in a competition set.

1. Appearance
The dry leaves have their stems. They are smaller than what one would expect coming from such a high altitude. The color is fresh, but not bright. This points to a thorough drying.

The brew is very clear with very few residues and has a golden color. Good concentration.

2. Fragrances
Pure, flowery and lightly fruity. The closest smell would be of fresh and sweet cumquat (like a small orange). Fine buttery and sweet notes are also present.

3. Taste
Fine, sweet and longlasting. There is a little bit of dry aftertaste on the tongue, but it melts in sweetness. Gao Shan Oolong Cha qi often unfolds by recurring waves in the most. With this tea, I feel I'm almost hit by a tsunami inside my chest! Its a soothing and powerful experience. The heart beats faster and it's like I had taken a big breath of mountain air. Amazing strength and harmony! The next waves display a lot of finesse.

The open leaves and buds are rather small for this altitude. The farmer has harvested earlier than usual, concerned by the coming rain. This explains why the fragrances and taste are so delicate and concentrated.

The risk with such young leaves is that they are not sufficiently oxidized, but this doesn't appear to be the case.

Conclusion: This Qi Lai High Mountain Oolong is an excellent and interesting substitute for Da Yu Ling or Li Shan Oolongs. And if you want some great Li Shan Oolong, I still have some from 2010 in my inventory. (See Matt's recent review.) Thanks to the more thorough drying that I require from even my fresh Oolongs, they keep their freshness for a long time. There is no rush to finish them quickly. Such teas are good for the body and for the peace mind!

Thursday, May 26, 2011

Oolong d'Ali Shan du printemps 2011 (1450 m)

Cultivar: Luanze (qingxin) Oolong
Récolté à la main le 23 avril 2011
Origine: Zhang Shu Hu, Ali Shan, Taiwan
Elevation: 1450 mètres
Process: Oolong de haute montagne peu oxydé, roulé et avec ses tiges.

Pour le déguster aujourd'hui, je passe directement à ma théière Da Bing Ru Yi. Ces dernières semaines, je l'ai testé en zhong et en set de compétition en porcelaine, mais pour ce Cha Xi, j'ai envie d'en tirer le meilleur! Une simple couche sur le fond suffit.

Les feuilles ont un vert profond et frais. Les odeurs de vetiver sont enivrantes. L'infusion a un éclat et une transparence irréprochables. La couleur du thé tire sur un jaune clair et frais, signe d'une oxydation suffisante.

Au goût, il y a la force et l'exubérance légèrement fruitée du terroir d'Ali Shan . Beaucoup de pureté couplée avec une consistance et persistance agréables. Charmant!

Vous aurez remarquez que j'avais déjà retenu un autre Oolong d'Ali Shan (1600 m), récolté le 14 avril, 9 jours plus tôt. Ces 2 Oolongs d'Ali Shan ont des niveaux d'oxydations et des profils aromatiques très semblables, naturellement. Mais ce qui les distingue le plus, c'est leur concentration.

En effet, si celui-ci du 23 avril a une concentration 'normale', celui du 14 avril est bien plus concentré en saveurs. C'est à tel point qu'on dirait un Oolong de Da Yu Ling de plus de 2200 mètres de haut! Testés côte à côte et avec le même grammage, la couleur de l'infusion est plus foncée chez celui du 14 avril. Cela explique la différence de prix entre ces 2 thés.

Je conseille donc de tenir compte de ceci lorsque vous remplissez votre théière: mettez moins de feuilles du 14 avril que vous n'en mettriez du 23!
Ma Da Bing Ru Yi en zhuni moderne d'Yixing est à nouveau disponible et convient très bien à ce type d'Oolong roulé.
Cet après-midi, un livre sur le Chado m'accompagne durant mon thé. Il commence par ces mots: "Comme le jazz ou le ragas indien, la cérémonie de thé est 90% d'impro et 10% de technique quand elle est excutée par un maitre. Mais dans le cas d'un novice, ces pourcentages sont probablement inversés." Je suis complètement de son avis et je me dis qu'il n'y a donc pas une si grande différence entre Chado japonais et Chadao chinois.
(Thanks to California! The book has arrived and is wonderful to read. Peaceful and thoughtful. And it was printed the year I was born!)

Tuesday, May 24, 2011

Jarres à thé émaillées de Michel François

Quand on ouvre un sachet plastique pour sentir les feuilles de thé, il y a toujours une odeur artificielle et brute qui accompagne ces fragrances. Aussi, on opte plutôt pour sentir les feuilles sur une petite assiette en porcelaine avant les infuser. Là, les odeurs sont plus aérées et entièrement naturelles.

Avec une bonne jarre, on est comme dans une salle de concert: au lieu de s'échapper, les senteurs se concentrent en se reflétant sur les parois. Au contact du matériau naturel, porcelaine, les odeurs retrouvent leur finesse et perdent cette impression d'artificiel. Certes, la fraicheur s'y préserve moins bien que dans un sachet sous vide, mais il faut bien l'ouvrir un jour ce paquet!

Mon ami Michel François travaille depuis longtemps à créer des jarres à thé. Comme l'indique le nom de son blog, c'en est presque une obsession! De mon côté, j'essaie de lui donner des conseils d'un point de vue d'utilisateur.

Je suis très heureux de vous présenter et proposer ces 2 jarres d'un peu moins de 10 cm de haut (330 grammes environ). Elles sont tournées à la main, émaillées à l'intérieur et cuites au four à gaz. (On peut y mettre environ 110 grammes d'Oolong roulé).
Michel a utilisé une porcelaine de Nouvelle Zélande au kaolin très pur et très translucide. C'est l'émaillage qui donne les couleurs différentes:

1. Céladon Qingbai proche du Ru (prononcer entre 'lou' ou 'jou') de la dynastie Sung. Ce céladon est proche du bleu, bleu ciel. Cette teinte est presque aussi difficile à décrire qu'à photographier! La teinte change beaucoup selon la lumière.

Mais ce qui est plus extraordinaire encore, c'est la douceur de cette pièce. On dirait de la peau de bébé!

C'est une couleur qui s'accorde aussi bien avec celle du set lotus Qingbai de David Louveau.


2. Pour ce blanc craquelé, Michel s'est inspiré d'une vielle recette simple d'Arita au Japon. On s'y est probablement inspiré des céramiques Chosun de Corée (car les premiers potiers d'Arita furent des émigrés de Corée, à la fin du XVIe siècle).

L'émaille contient de la pierre de Cornouaille, du kaolin et de la cendre de l'arbre 'Izu'. Cela donne également beaucoup de douceur à cette émail: contraste agréable entre l'épaisseur des parois et cette impression de légerté due à cette couleur blanche.

Ces pièces ne sont pas sans défauts. La couleur n'est pas uniforme. Il y a des petits points noirs ici et là (des particules de fer). Ou bien des retraits d'émail. Le pied aurait pu être plus travaillé... Mais ces 'défauts' sont aussi des qualités et confèrent une humanité, une personnalité, une individualité que n'ont pas les accessoires fabriqués industriellement.

Merci Michel!

Thursday, May 19, 2011

Tea Beauty calls to be shared

"When there are no beautiful utensils, there is no real Tea"

"It (Tea) is not a private path, but a highway for humanity.", Yanagi (The Unknown Craftsman, a Japanese Insight into Beauty).

(A Hung Shui Oolong brewed on a Saturday morning.)

Wednesday, May 18, 2011

'Subtropical forest' Wenshan Baozhong

(En français, la version semblable de 2008).
This picture was taken on April 20, 2 days before the harvest of this Wenshan Baozhong near Pinglin! The leaves look fresh and healthy. The sun is shining and it's not too hot yet. These are great harvest conditions!

LinkLast week, before tasting High Mountain Oolongs with Payton, we started with this obligatory Baozhong. We were in the subtropical Wenshan forest and what better way to start experiencing tea than to drink from leaves produced by the very same environment!

Cultivar: Qingxin (luanze) Oolong
Harvested by hand on April 22nd, 2011
Origin: Wenshan, northern Taiwan

Slightly roasted on May 3rd, 2011

Process: 'traditional' Baozhong with above average oxidation.

In the forest, I used a generous amount of leaves in a gaiwan. For these tasting notes, though, I will write my tasting notes from 3 grams brewed competition style (6 minutes).

Strong
Sheng jin long aftertaste
View:
Dark fresh green dry leaves. Very few stems.
Twisted leaves break more easily than rolled Oolong, so Baozhongs usually have more residue than Oolongs. However, this ' forest' Baozhong displays a good clarity and nice light yellow color.

Smell:
Heavy flower (lavender) scents and subtropical forest fragrances. It's a tea that mirors its environment very well.

Taste:
Quite strong and full body for a fresh Baozhong. A nice stimulation of the glands at the back of the mouth. The aftertaste is long.

Conclusion: This year's 'Subtropical forest' Baozhong is very pleasant and lives up to its weel deserved reputation.

As for this year's semi-wild Baozhong, it was harvested by hand on April 24 and was less oxidized. A qingxin (luanze) Oolong cultivar as well, it has lighter fragrances and a clean taste (thanks to its organic origins).
Here's what a reader in Ukraine wrote me about this 2011 spring 'Semi-wild' Wenshan Baozhong: "I have tried semi-wild Baozhong and it is indeed very special, the taste is so clear and even tends to a "vegetable" side (and that is great!). So I am really happy."

Monday, May 16, 2011

Visite du Canada

Mercredi dernier, Hugo, de la maison de thé Camellia Sinensis à Montréal, m'offre un exemplaire du livre 'Thé, histoire terroirs saveurs'. Comme chaque printemps, il est en tournée à Taiwan pour sélectionner les Oolongs du magasin. Mais cette année, 3 ans après notre dernière rencontre, Hugo a pris rendez-vous pour me remettre ce livre où mon nom figure dans la section remerciements (page 268)! C'est donc à mon tour de remercier toute l'équipe de Camellia Sinensis pour ce geste plein de gentillesse et de générosité.
Et comme vous pouvez le voir, j'avais dressé une table printanière pour déguster ensemble plusieurs Oolongs frais et torréfiés!

Saturday, May 14, 2011

Gao Shan Ali Shan Oolong from Spring 2011

This week's highlight is this Cha Xi with 2 American tea lovers. They both work in a tea shop and are so interested in tea that they came to Taiwan to tour the tea growing regions, tea shops and say hi to one of their favorite tea bloggers!

On a beautiful and hot day, I drove to the hills of southern Taipei and, after some searching, we found a great spot to brew tea. It had both shade and a nice breeze coming from the valley. My regular source of spring water was dry (due to the draught). Luckily, we could get enough water from a nearby temple.

Here, among others, I brewed the April 14, 2011 handpicked High Mountain Oolong from Zhang Shu Hu (in Ali Shan). At an elevation of 1600 meters, it is (so far) the best spring Oolong I selected this year. It's so good that I even can use my silver teapot!

Looking at the Cha Xi from above, I called it "Cha Dao, finding your tea path": the 3 qingbai singing cups seem to form a road around the plate and the jar. It's also a theme that resonated with my guests, after their weeks of travel around the island from one tea place to another. What surprised them is that they didn't find the best teas in Lugu or Ali Shan (where they are grown), but in tea shops in Taipei!
This Ali Shan Oolong (Qingxin/luanze Oolong cultivar) felt so pure and refreshing, sweet and long lasting!

The brew is so clear and transparent! And, amazingly, I've only used very few leaves. Opened up, they only occupy half of the teapot. These leaves have an incredible concentration and power that one would usually from a Da Yu Ling. And they also have the fruity and exuberant character of Ali Shan Oolong.

The cold weather and slow growth of this spring's harvest is one explanation for this unusual concentration. Another is that this comes for a new plantation.

For an optimal cup, I recommend to use fewer leaves than you usually do and wait long enough for the leaves to open up in the first brew.

A wonderful celadon tea jar completes the Cha Xi. It's color stands out and reminds me of Ju porcelain. I'm currently testing it along with other jars I've recently received.

3 happy Oolong drinkers!

Monday, May 09, 2011

Un excellent Jinxuan Oolong d'Ali Shan

Les stars du printemps font leur apparition: les Oolongs de haute montagne arrivent dans ma sélection! C'est la saison des senteurs les plus fraiches et fleuries!
J'en profite pour signaler que si l'Expo Flora de Taipei est finie, la Taipei Story House continue de montrer ses jardins et son étang d'inspiration Monet! (Ma photo ci-dessus)
Cultivar: Jinxuan Oolong
Origine: Zhang Shu Hu, Ali Shan
Altitude: 1400 mètres
Cueilli à la main le 14 avril 2011.
Process: Oolong roulé sans torréfaction

Dégusation de compétition: 3 grammes pendant 6 minutes.

Les feuilles sèches ont une belle taille et une couleur verte vive foncée.

L'odeur sèche me fait penser à des jeunes groseilles. Ce parfum est pur et languissant. Il pénètre jusqu'au fond de ma gorge et me fait saliver. C'est une fragrance de jinxuan, puissante et suave, limpide et fraiche.
L'infusion est vert-jaune avec une transparence presque parfaite.

Le thé commence léger, frais, moelleux. Cela 'fleure' bon le printemps fleuri de montagne. Puis, on ressent comme un pétillement sur la langue. Et le cha qi envahit la bouche en flux et reflux. Ce thé est excellent! On a du mal à croire qu'il s'agit d'un jinxuan, tellement le caractère puissant et fruité d'Ali Shan est présent.
Les feuilles ouvertes sont immenses et épaisses! Elles respirent le soleil! C'est un cru exceptionnel. Probablement le meilleur jinxuan que j'ai pu boire jusqu'à présent. Et en théière zhuni d'Yixing, c'est encore plus fin et savoureux!

Wednesday, May 04, 2011

This is it - from a Buddhist tea friend

2 weeks ago, I had the chance to meet a long time reader of my blog traveling in Taiwan. He's American, Buddhist and lives in the 'Plum village' in France! That's already quite an interesting background! I think he was the first from this 'village' to order tea from me. What I'm sure of is that several others followed suit.

Their members practice 'tea meditation' (en français ici). This probably explains why some of the best felt tasting notes I received came from this village. To understand a tea, you need to focus and feel its effects on your body and mind. Most of us don't always have (or take) the time and concentration to experience tea fully. It's a challenge for the modern person to sit down and simply focus on a cup of tea.

He gave me this calligraphy "This is it" that I'm using on today's Cha Xi. It's a useful reminder to live and enjoy every moment. "This is it". It's our life that is happening, right now. Let's live it freely, without the shackles of our past or the fear of future.

In this spirit, today, I prepare a Cha Xi with my 2008 winter Hung Shui Oolong. I want to enjoy and share the pleasure a wonderfully roasted Dong Ding Oolong. "This is it". There's nothing else I'd rather do or nowhere else I'd rather be right now. With such a positive attitude, I can focus on each layer of aftertaste going from my throat to my mouth. I feel the energy on my tongue and my back's muscles loosen.

I can also distinguish how the tea has changed and sweetened after some resting in this object:
What is it?
Its walls are thick and are glazed inside out. The inside wall shows that it has been assembled in the middle section.
No, it's not a tea jar or a vase. In it, the leafs' flavors interact with the old glaze. They become finer and more mellow.
Actually, it's a grenade! Ships would carry them to detonate them with gunpowder when pirates attacked!
(Hat tip to Teaparker for this idea of using these grenades as tea jars!)

This brings a new meaning to the 'explosion' of joy I feel each day when I swallow my first drop of tea!

"This is it!" The love of tea transforms a weapon of war into a taste enhancer! It's a beautiful moment to live and experience, fleeting like a flower and fragile like a butterfly. Life is so short. Let's live our (good) teas with passion and creativity.

Thank you, tea brother, for this powerful message.