Friday, March 10, 2017

Un thé d'exception pour un voyage aux pays des arômes

Dong Ding Oolong du printemps 1980
Je risque de passer une fois de plus pour un élitiste du thé si je ne fais pas ce petit rappel qu'on peut trouver beaucoup de plaisir quotidien dans des thés simples et bon marché comme un Jinxuan Oolong frais, un SiJiChun traditionnel, un Baozhong printanier, un thé vert parfumé avec des vraies fleurs de jasmin... Mais ce qui fait tout l'intérêt du thé c'est que les niveaux de qualité (et de prix) sont très variables. On tombe parfois sur des thés qui explosent nos référants, ce qu'on croit savoir et qui ouvrent des perspectives complètement nouvelles. Ce genre de thés sont d'autans plus appréciés qu'ils sont dégustés par des personnes qui ont une expérience approfondie de mets et breuvages fins (= une certaine élite du goût).  
Un grand nombre de mes lecteurs français tombe dans cette catégorie, j'en suis certain. Et l'un d'entre vous est venu me revoir à Taiwan pour prendre 3 cours de thé en 4 jours. Nous avions commencé par les puerhs du Yunnan, puis continué avec les Yan Cha de WuYi. (Ces derniers thés sont si rares que vous ne les trouverez pas dans ma boutique en ligne. Par contre, suite à cette rencontre, j'ai décidé d'en offrir 2 grammes + 1 mini gaiwan pour toute commande de plus de 500 USD).
Pour terminer cette série de cours en beauté, je décidai d'infuser un cousin des Yan Cha, le Dong Ding Oolong de Taiwan! Et je ne choisis pas n'importe lequel, mais ces feuilles du printemps 1980 du village de Feng Huang! Il s'agit de l'âge d'or des Dong Ding Oolongs. A l'époque, il n'y avait pas encore d'Oolong de haute montagne et ce terroir était le plus prestigieux (grâce à la compétition du même nom qui débuta en 1976). Cet Oolong permet de voir la proximité du process de fabrication, degré d'oxydation et de torréfaction. En 1980, les feuilles étaient récoltées individuellement, ni trop jeunes, ni trop grandes.
La couleur et la transparence de l'infusion sont impeccables. L'infusion brille. Elle est claire et dorée. Les senteurs de vieux bois sont riches et nettes. Mais en même temps il y a une impression de vigueur, d'énergie douce et tranquille. Le goût est tout en rondeur. Des odeurs de pêche melba maintenant donnent des accents plus sucré. La longueur en bouche est d'une finesse phénoménale. Il reste présent tout en subtilité et harmonie. Que du bonheur. Certes, il n'a pas la minéralité propre aux Yan Cha, mais il a la générosité et le moelleux fruité caractéristique de Dong Ding. Chaque infusion accentue un peu plus le côté fraicheur de cet Oolong âgé à la perfection.
Cet Oolong 1980, c'est une machine à remonter le temps. C'est une leçon de maitre de ce qu'est un thé de qualité. C'est l'occasion de comprendre la relation entre WuYi et Dong Ding. Mais c'est surtout la chance de partager un moment de finesse, de perfection et de bonheur avec un ami passionné de thé, de vin et de gastronomie. Et cela me rappelle bien à propos que cette envie de partager le bonheur du thé est à l'origine de ce blog. Merci encore pour votre lecture et votre soutien.
(Et merci à Olivier pour ses 3 photos pour cet article).

1 comment:

EG said...

Hi Stéphane,
I am completely satisfied! You've written so beautifully about this experience, bringing the flavours and scents to life with evocative language. Nice photos too!